Trabouler ou pas !

La semaine précédant Pâques, nous sommes allés trabouler. Quel drôle de mot ! Le Larousse indique : « Traverser un pâté de maisons, en parlant d’une traboule lyonnaise. » Nous l’avons découvert lors d’une visite accompagnée dans le Vieux-Lyon.

Tout d’abord, le Vieux-Lyon est sauvé par la loi Malraux. Nous sommes dans les années 1960. Si cette loi n’avait pas existé, aujourd’hui ce serait probablement un grand boulevard le traversant de part en part. Heureusement qu’une petite révolution a permis de faire prendre conscience de ce joyau.

Un peu d’histoire

Ce quartier apparaît en l’an 800 mais c’est surtout au Moyen-Age qu’il prend vraiment un tournant avec la construction des églises St Jean et St Paul. Les rues façonnent ce quartier. Elles ont la particularité d’être parallèle à la Saône ou presque et n’ont pas bougé depuis le Moyen-Age. La Renaissance est l’effervescence des constructions le long de ces rues de parcelles étroites et de plusieurs étages. Conséquence de quoi au bout de chacune se crée une cour ou un jardin. Ils font une sorte de puits de lumière. Dans ces cours, vous découvrirez souvent un puits (à eau celui-là) et/ou un escalier en colimaçon.

De part cet agencement, un système de couloirs permet d’accéder à ces espaces, quel que soit la rue. Ils sont étroits et la lumière blafarde des ampoules ne donne pas envie d’y pénétrer. Ce sont ces couloirs que l’on appelle « traboules ». Ils permettent ainsi de traverser d’une rue à l’autre ces habitations. Il est difficile de savoir si une traboule se cache ou non derrière. Une grosse porte massive en bois et sculptée l’obstrue. Maintenant un digicode la maintient souvent fermée. Il faut tenter de la pousser (attention, le digicode ne date pas du XVI ème siècle) 🙂 . Ensuite c’est l’aventure ! Je ne sais pas comment l’ambiance était à l’époque mais ça fait vraiment coupe-gorge. Il manque le fog, les chapeaux haut-de-forme et la cape noire, un air lugubre et un couteau à la main avec le sang d’une jeune fille qui dégouline le long de la lame bien sûr 🙂 pour se retrouver dans le Londres du XIX ème déguisé en Jack The Ripper.

Au-delà d’un hypothétique Jack l’Éventreur Lyonnais, ces cours ont souvent une architecture raffinée. Les décors sont sculptés tandis que sur la rue, les façades sont simples. Ce n’est qu’au XVI et XVII ème siècles que de riches familles investissent les lieux. Elles apportent ainsi une touche plus subtile derrière de grandes façades (maison de Gadagne, la galerie Philibert de l’Orme ou encore la place du Change par exemple).

Ben, voilà le tableau du Vieux-Lyon. Une ville à découvrir.

Bon trabouler !

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2 Comments

  1. Pout que je comprenne le verbe trabouler il a fallu que je cherche traboule dans le dictionnaire. Puis pour comprendre la définition de traboule il a fallu connaître ce sens de pâté: ‘aire rectangulaire d’une ville entourée de rues et contenant généralement plusieurs immeubles ; ensemble de maisons formant bloc.’

    À http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/traboule/fr-fr/ j’ai trouvé l’étymologie:

    « D’après l’historien Amable Audin, le mot traboule vient du latin transambulare via le latin vulgaire trabulare « traverser », désignant un passage à travers des cours d’immeuble qui permet de se rendre d’une rue à une autre rue parallèle de la manière la plus directe qu’il soit.

    Traboule est une expression lyonnaise et stéphanoise. On utilise également le verbe « trabouler » pour signifier se déplacer dans un dédale.

    On dit aussi « allée qui traboule » ou « allée » tout court. Des passages similaires existent aussi à Chambéry, où ils peuvent également être dénommés passages ou allées, même si le terme traboule reste sans doute le plus utilisé de façon populaire. »

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