La Mercerie ou le rêve fou de deux frères

Dimanche 6 mai, nous avons découvert La Mercerie. Non ce n’est pas un magasin d’articles destinés à la couture mais un château qui se trouve au fin fond de la Charente à quelques kilomètres de Villebois-Lavalette.

Un peu d’histoire

Les premières traces notariales apparaissent en 1505 si on en croît les archives. Il appartient alors à la famille Rousseau (aucun lien de parenté avec le Douanier ou Jean-Jacques). Ce n’est que vers 1810 qu’un premier édifice est réellement répertorié sur le cadastre napoléonien. En 1892, un descendant fait détruire l’édifice et construit un manoir qu’il ne pourra entretenir financièrement. Il est alors vendu en 1924.

Les acquéreurs se nomment Raymond et Alphonse Réthoré. Le premier fait des études de journalisme mais se convertit vite à la politique pour devenir député alors qu’Alphonse entame des études de médecine mais s’aperçoit que ce n’est pas fait pour lui; il se voit plus en bâtisseur. Alors commence le rêve fou de ces deux frères qui vont consacrer leur vie à faire de cet édifice un petit Versailles charentais. A ce propos, la grande façade est la plus grande construite au XXe siècle. Un défit pour l’époque non sur le plan technique mais surtout sur le plan financier.

Petite anecdote pour financer les travaux : comme nous le savons, Raymond est un fin limier en matière d’affaires. C’est alors qu’il découvre les machines pour pressing alors construites en Italie. Y voyant une opportunité, il démarche le fabricant en lui demandant l’exclusivité de ce business en France. C’est chose faite et c’est ainsi qu’ils vont pouvoir financer leur mégalomanie. Car oui, c’en est bien une car au XXe siècle, ce genre de travaux ne peut se faire avec une paie de député.

Les choses se corsent en 1975 avec une baisse des revenus qui ne servent désormais qu’à l’entretien. L’œuvre est alors inachevée. Les frères décèdent en 1983 pour Alphonse et 1986 pour Raymond. Tous deux sont inhumés dans les piliers de la grande façade. N’ayant pas eu de descendance, Raymond lègue son château au père de sa fidèle secrétaire car décédée entre temps. Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là car le sieur Raymond est un député indélicat car il pense qu’il est au-dessus des lois. En effet, le bonhomme ne paie pas ses impôts. Conséquence de quoi en 1987-1988, donc après leur décès, une vente aux enchères fait que le château est complètement vidé de ses œuvres. Ce dernier tombe en ruine car le père de Solange, la fidèle secrétaire, ne peut assurer la maintenance.

De multiple transactions financières font que la société « Foncière Volta » découvre qu’elle a ce patrimoine insoupçonné. Étonné et ne sachant qu’en faire, un bail emphytéotique est signé avec la commune sur laquelle se trouve le château pour une durée de 70 ans environ. Aujourd’hui, des bénévoles essaient de lui redonner une vie en assurant différents métiers y compris le rôle de guide pour les visites commentées.

Pour en savoir plus c’est par ici

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3 Comments

  1. vanadze17 dit :

    Oui, c’était un projet fou de deux frères !!! Je pense qu’il faudra toujours des hommes comme cela, avec un grain de folie, ( Louis XIV, Louis II de Bavière, Pierre Loti… entre autres) pour nous construire des bâtiments hors normes, et que nous apprécions visiter de nos jours. 🙂
    A savoir que la Maison de Pierre Loti, à Rochefort, actuellement en réfection, vient de se voir attribuer une certaine somme par le Loto du Patrimoine, pour la réfection du plafond de la mosquée.
    Mais à quand la réouverture…???

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